Notre relation avec le groupe de Steve Harris a toujours été compliquée, faite d'amour et de haine, d'attirance et de répulsion. Nous n'en n'avons jamais fait mystère dans ces lignes, nous avons souvent préféré la première période discographique d'Iron Maiden, du temps de Paul Di'Anno, certes plus limité vocalement que Dickinson, mais plus direct et incisif. "Killers" est l'une des pierres angulaires qui nous a fait aimer la N.W.O.B.H.M. à sa sortie en 1981. Avec Bruce Dickinson, la musique de la formation britannique a pris une autre dimension pour le meilleur ("The Number Of The Beast", "Piece Of Mind", "Powerslave", "Seventh Son Of A Seventh Son") et le moins bon ("No Prayer For The Dying", "Fear Of The Dark"), sans parler de la période avec Blaze Bayley qui ne restera pas dans les annales de la formation. A la fin des années 80, on se souvient que notre intérêt s'était considérablement émoussé à un tel point que lors du passage de la tournée "Seventh Son" à Bercy (Monsters Of Rock du 24 septembre 1988), nous avions préféré discuter à la buvette avec Stéphane Buriez plutôt que de regarder la prestation d'un Maiden alors à son apogée (un sacrilège pour les true fans !). Dans les années 2000, le groupe n'a cessé d'essayer de combiner complexité et immédiateté, ce qui lui a plutôt réussi ("Brave New World", "The Final Frontier"), tout en devenant très rentable sur scène (voir la flopée d'albums live des années 2000). Aujourd'hui, ce seizième album studio est censé réconcilier tous les fans et plus. Lady Gaga s'est même levée à l'aube pour télécharger (légalement) le disque ! A l'écoute, la triple galette vinyles se révèle être un disque complexe, mature, qui nécessitera plusieurs écoutes pour en déceler les multiples détails (changements de rythmes, arrangements alambiqués, parties de guitares croisées...). Mais, attention, malgré l'artwork "Eddie chez les mayas", "The Book Of Souls" n'est pas un concept album. Avec le premier single, "Speed Of Light", et le clip correspondant, les anglais rendent hommage aux jeux vidéos de toutes les époques, du 8-bit au F.S.P., avec une grande saga à travers le temps et l'oeuvre picturale de Maiden. Le disque contient également l'un des morceaux les plus longs jamais écrit par la vierge de fer (Dickinson en est l'auteur) : "Empire Of The Clouds". "Je pense que c'est un pièce maîtresse de ce nouveau disque", explique Harris. "Je peux le dire d'autant plus que ce n'est pas moi qui l'ai composée ! Cela sonne comme du Maiden mais c'est totalement différent de tout ce que l'on a pu faire jusqu'à présent. 18 minutes, cela peut sembler long mais c'est un tel voyage... Je laisse les gens se faire leur propre avis sur la question." En ce qui nous concerne, "Empire Of The Clouds" contient des passages intéressants mais sonne un poil trop boursouflé. On lui préfère le riche "The Great Unknown", l'entraînant (sous influence celtique) "The Red And The Black", les (déjà) classiques "When The River Runs Deep", "Shadows Of The Valley" et "Death Or Glory" ou le zeppelinien "The Book Of Souls". "Comme on peut l'entendre, il y a beaucoup d'ambiances différentes sur ce disque." poursuit Harris. "Je pense que certains éléments vont capter l'attention des gens après plusieurs écoutes. C'est un disque long mais il contient plein de choses intéressantes. J'espère que le public pensera la même chose." Côté scène, Iron Maiden ne sera pas sur la route avant le printemps 2016 (des dates sont déjà annoncées dans l'hémisphère sud), le temps que Bruce récupère complètement de son traitement contre le cancer. Harris : "Ce disque est vraiment puissant et nous en sommes très fiers. Nous aurons donc à coeur de jouer certains nouveaux titres sur scène." Pour l'instant, le groupe est en tête des ventes en Grande-Bretagne avec plus de 60 000 copies de "The Books Of Souls" écoulées, de quoi être fier du travail accompli...
Dead Zone
Source : Kerrang!
Photo : DR
Iron Maiden, The Book Of Souls (Parlophone)
Sortie le 04 septembre 2015