Alors que Marc Osegueda (chanteur de Death Angel) fêtait son anniversaire début février (45 ans !), nous avons profité de son dernier passage à Paris pour lui poser quelques questions sur sa vie, son oeuvre. Depuis la dernière livraison du groupe de San Francisco, "The Dream Calls For Blood", on se dit que les anges de la mort ont encore quelques années d'éternité devant eux... Entretien exclusif.
Gardes-tu un souvenir particulier de la sortie de"The Ultra-Violence" en 1987 ? Il semble que ce premier album ait inspiré votre dernier ?
Marc Osegueda : Le meilleur souvenir que j'ai est la fois où j'ai tenu dans mes mains un exemplaire vinyle de l'album. Je n'arrêtais pas de lire et relire les notes sur la pochette. Je n'oublierai jamais ce moment-là. Avec Rob, quand nous avons commencé à écrire pour notre nouvel album nous voulions que celui-ci soit vraiment agressif, dans une veine similaire à notre premier album de 1987. D'ailleurs, la composition de "The Dream Calls For Blood" s'est faite dans la foulée de notre tournée pour les 25 ans de la sortie de "The Ultra-Violence".
Pour beaucoup de groupes, il est important de se reporter à leur premier album, ils étaient plus jeunes, la musique était un peu plus spontanée, etc... Quelle importance y attachez-vous ? Comment se fait votre connexion avec la nouvelle génération de thrashers ?
Nous sommes fiers d'avoir participé à l'émergence du thrash metal au milieu des années 80. En tournée, je suis régulièrement approché par des kids qui n'étaient pas nés quand notre premier album est sorti mais, cela ne les empêche d'adorer ce disque. Certains remontent jusqu'aux racines du genre et connaissent leurs classiques sur le bout des doigts, que ce soit "Bonded By Blood" (Exodus), "Kill 'Em All" (Metallica), pour en nommer que quelques uns. C'est incroyable ! Nos deux derniers disques, "Relentless Retribution" et "The Dream Calls For Blood", nous ont permis de gagner de nouveaux fans et ils ont permis de mettre en lumière nos anciens disques. Je trouve ce phénomène assez intéressant.
Peux-tu nous parler de la contribution de vos deux dernières recrues : Will (batterie) et Damien (basse). Ils apportent une nouvelle énergie dans le groupe...
Ce qu'ils apportent tous les deux est énorme. Ils représentent le coeur de la section rythmique de Death Angel. Will est un pur batteur de thrash alors qu'Andy (Galeon, le précédent batteur historique du groupe) était un vrai batteur rock capable de délivrer un groove très lourd. Après une première tournée avec Damien, nous avons souhaité nous orienter vers un style plus agressif avec pas mal de changements de tempo et Andy ne pouvait pas répondre à cette demande. Nous avons donc eu la chance de tomber sur Will. En ce qui concerne Damien, c'est un joueur de basse monstrueux. Ces influences principales sont Geezer Butler (Black Sabbath) et Cliff Burton (Metallica), ce dont je suis très fier (rires). C'est un vrai passionné de son instrument. Il est capable de jouer n'importe quel style de musique.
Est-ce que l'on peut parler des textes de cet album qui tourne autour de la notion de sacrifice, en particulier le titre principal, "The Dream Calls For Blood", qui traite du fait d'être loin de ses bases, de gagner sa vie sur la route, etc...
C'est tout à fait le thème. Lors des tournées, nous sommes éloignés des gens qui nous sont proches. Cela nous affecte et pas toujours d'une façon très positive. C'est génial de faire de la musique, d'être sur la route mais les sacrifices qui tu dois faire pour en vivre sont très durs. La tournée pour la sortie du précédent album, "Relentless Retribution", a duré 3 ans et j'ai perdu la relation que j'avais depuis de nombreuses années avec ma copine. Quand tu rentres après tout ce temps-là chez toi, tout a disparu, il faut réapprendre à vivre dans cet environnement. J'ai alors décidé d'écrire à propos de la perte car c'était la meilleure chose que j'avais à faire. C'est un sujet intéressant car il n'est pas du tout traité dans notre style de musique, le thrash. D'habitude, les paroles du genre tournent autour de la destruction, du diable (rires). Mais, je trouve que c'est bien d'écrire à propos de choses réalistes, de sujets issus du quotidien.
Tu te sentais donc dans une situation propice à ce genre d'écriture...
J'étais en colère et, généralement, j'aime écrire quand je suis en colère. D'ailleurs, ce genre de musique se prête parfaitement à ce type de sentiment... Et puis, je parle du fait de triompher de cet état. Le titre "The Dream Calls For Blood" évoque surtout le fait d'accomplir son rêve, de se donner les moyens de le faire. Aujourd'hui, les gens veulent des gratifications immédiates sans passer par des galères mais cela ne fonctionne pas de cette manière dans la vie. On voit ce genre de comportement dans les émissions de télé réalité comme "America's Got Talent" et "American Idol" où les musiciens en herbe se font jeter par le public sans ménagement. Ils passent à côté de l'essentiel, d'un parcours par étape, du fait de donner d'abord des concerts, d'aller à la rencontre de son public, etc... Je n'ai pas beaucoup de respect pour ce genre d'émissions.
Comment compares-tu le public européen et américain et la façon dont vos fans réagissent à l'écoute de "The Dream Calls For Blood" ?
Les retours que l'on a sont incroyables. L'album a été très bien accueillis par ceux qui viennent nous voir en concert. En Europe, le public est moins soumis à l'effet "pop culture" de masse des Etats-Unis. Les américains sont trop sous l'influence des médias et le public ne pense souvent pas par lui même. C'est regrettable... D'une manière générale, les européens sont plus passionnés par la musique...
Est-ce que tu sens que tu deviens plus sage avec les années ?
D'un certain point de vue, oui mais, il y a certaines erreurs que je n'arrête pas de répéter (rires).
Tu as changé ta coupe de cheveux, ce n'est pas une erreur, j'espère...
Non, non. En février, cela allait faire 21 ans que j'avais des dreadlocks. J'ai eu quelques soucis en headbangant lors de la dernière tournée car la masse capillaire devenait trop imposante. J'ai donc décidé de m'en débarrasser pour la première date de notre nouvelle tournée. Je l'ai fait sans en parler au groupe. C'était une bonne surprise pour eux ! (rires).
Comment va dérouler cette nouvelle année pour vous ? Vous allez encore passer deux ans sur la route ?
Certainement ! (rires) Mais, nous adorons tellement la musique...
Propos recueillis par Laurent Gilot
Photo : Metal Inc crew
Vidéo : Metal Inc crew
Lire également : Death Angel, The Dream Calls For Blood sort du bois
Death Angel, "The Dream Calls For Blood" (Nuclear Blast-Pias)
Sortie le 11 octobre 2013
Death Angel, The Dream Calls For Blood, live in Paris (Maroquinerie)
Pour beaucoup de groupes, il est important de se reporter à leur premier album, ils étaient plus jeunes, la musique était un peu plus spontanée, etc... Quelle importance y attachez-vous ? Comment se fait votre connexion avec la nouvelle génération de thrashers ?
Nous sommes fiers d'avoir participé à l'émergence du thrash metal au milieu des années 80. En tournée, je suis régulièrement approché par des kids qui n'étaient pas nés quand notre premier album est sorti mais, cela ne les empêche d'adorer ce disque. Certains remontent jusqu'aux racines du genre et connaissent leurs classiques sur le bout des doigts, que ce soit "Bonded By Blood" (Exodus), "Kill 'Em All" (Metallica), pour en nommer que quelques uns. C'est incroyable ! Nos deux derniers disques, "Relentless Retribution" et "The Dream Calls For Blood", nous ont permis de gagner de nouveaux fans et ils ont permis de mettre en lumière nos anciens disques. Je trouve ce phénomène assez intéressant.
Peux-tu nous parler de la contribution de vos deux dernières recrues : Will (batterie) et Damien (basse). Ils apportent une nouvelle énergie dans le groupe...
Ce qu'ils apportent tous les deux est énorme. Ils représentent le coeur de la section rythmique de Death Angel. Will est un pur batteur de thrash alors qu'Andy (Galeon, le précédent batteur historique du groupe) était un vrai batteur rock capable de délivrer un groove très lourd. Après une première tournée avec Damien, nous avons souhaité nous orienter vers un style plus agressif avec pas mal de changements de tempo et Andy ne pouvait pas répondre à cette demande. Nous avons donc eu la chance de tomber sur Will. En ce qui concerne Damien, c'est un joueur de basse monstrueux. Ces influences principales sont Geezer Butler (Black Sabbath) et Cliff Burton (Metallica), ce dont je suis très fier (rires). C'est un vrai passionné de son instrument. Il est capable de jouer n'importe quel style de musique.
C'est tout à fait le thème. Lors des tournées, nous sommes éloignés des gens qui nous sont proches. Cela nous affecte et pas toujours d'une façon très positive. C'est génial de faire de la musique, d'être sur la route mais les sacrifices qui tu dois faire pour en vivre sont très durs. La tournée pour la sortie du précédent album, "Relentless Retribution", a duré 3 ans et j'ai perdu la relation que j'avais depuis de nombreuses années avec ma copine. Quand tu rentres après tout ce temps-là chez toi, tout a disparu, il faut réapprendre à vivre dans cet environnement. J'ai alors décidé d'écrire à propos de la perte car c'était la meilleure chose que j'avais à faire. C'est un sujet intéressant car il n'est pas du tout traité dans notre style de musique, le thrash. D'habitude, les paroles du genre tournent autour de la destruction, du diable (rires). Mais, je trouve que c'est bien d'écrire à propos de choses réalistes, de sujets issus du quotidien.
Tu te sentais donc dans une situation propice à ce genre d'écriture...
J'étais en colère et, généralement, j'aime écrire quand je suis en colère. D'ailleurs, ce genre de musique se prête parfaitement à ce type de sentiment... Et puis, je parle du fait de triompher de cet état. Le titre "The Dream Calls For Blood" évoque surtout le fait d'accomplir son rêve, de se donner les moyens de le faire. Aujourd'hui, les gens veulent des gratifications immédiates sans passer par des galères mais cela ne fonctionne pas de cette manière dans la vie. On voit ce genre de comportement dans les émissions de télé réalité comme "America's Got Talent" et "American Idol" où les musiciens en herbe se font jeter par le public sans ménagement. Ils passent à côté de l'essentiel, d'un parcours par étape, du fait de donner d'abord des concerts, d'aller à la rencontre de son public, etc... Je n'ai pas beaucoup de respect pour ce genre d'émissions.
Les retours que l'on a sont incroyables. L'album a été très bien accueillis par ceux qui viennent nous voir en concert. En Europe, le public est moins soumis à l'effet "pop culture" de masse des Etats-Unis. Les américains sont trop sous l'influence des médias et le public ne pense souvent pas par lui même. C'est regrettable... D'une manière générale, les européens sont plus passionnés par la musique...
Est-ce que tu sens que tu deviens plus sage avec les années ?
D'un certain point de vue, oui mais, il y a certaines erreurs que je n'arrête pas de répéter (rires).
Tu as changé ta coupe de cheveux, ce n'est pas une erreur, j'espère...
Non, non. En février, cela allait faire 21 ans que j'avais des dreadlocks. J'ai eu quelques soucis en headbangant lors de la dernière tournée car la masse capillaire devenait trop imposante. J'ai donc décidé de m'en débarrasser pour la première date de notre nouvelle tournée. Je l'ai fait sans en parler au groupe. C'était une bonne surprise pour eux ! (rires).
Comment va dérouler cette nouvelle année pour vous ? Vous allez encore passer deux ans sur la route ?
Certainement ! (rires) Mais, nous adorons tellement la musique...
Propos recueillis par Laurent Gilot
Photo : Metal Inc crew
Vidéo : Metal Inc crew
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Death Angel, "The Dream Calls For Blood" (Nuclear Blast-Pias)
Sortie le 11 octobre 2013
Death Angel, The Dream Calls For Blood, live in Paris (Maroquinerie)