22.10.13

Stryper, No More Hell To Pay (Frontiers)

À une époque où le hair metal paillard faisait le plein des stades américains, on a souvent reproché à Stryper son côté bigot, sa foi catholique exacerbée (le groupe distribuait des bibles en costume de maya l'abeille lors de ses concerts dans les années 80). On se rappelle de "Not That Kind Of Guy" (sur l'album "Against The Law" en 1990), titre sur lequel Michael Sweet, le chanteur-guitariste, refusait une relation avec une très belle fille sous prétexte que ce n'est pas moral. Cela résonnait comme un écho sourd et lointain à une période où le PMRC de Tipper Gore s'attaquait aux paroles de Mötley Crüe, W.A.S.P. ou Twisted Sisters en les jugeant trop explicites. Même si nous comprenons les textes de leurs chansons, Stryper n'a pas tout à fait la même saveur, ici, en Europe. Nous sommes plus attentifs à la musique des quatre américains et on attache un peu moins d'importance à leurs paroles empruntes d'humanisme et de chrétienté parfois un peu gnangnan. Suite au remake réussi de "Second Coming" (le réenregistrement des titres phares de leurs 3 premiers albums), ce onzième album est chargé de remettre les pendules à l'heure, de faire oublier les œuvres mineures ou en demi-teintes des années 90. Le leader de la formation, Michael Sweet, nous annonçait un disque moins pop et plus noir que "To Hell With The Devil" ou "In God We Trust". La tonalité est effectivement plus sombre que dans les années 80 (époque oblige) mais il faut être conscient que Stryper ne sera jamais aussi dark que le plus dark des groupes de black metal. En tout cas, ici, leur foi envers le seigneur tout puissant est intacte (la bonne reprise énergique de "Jesus Is Just Alright" et son break accompagné d'un orgue Hammond comme chez les Doobie Brothers), les refrains sont plus "rentrés" mais toujours aussi efficaces pour le live ("No More Hell To Pay", "Te Amo"...). Le quatuor sait également faire parfois preuve d'une belle agressivité (le priestien "Legacy") ou s'avère capable de produire des riffs d'une extrême lourdeur ("Marching Into Battle"). Puis, Stryper a encore une belle capacité à produire des mélodies pop (la ballade "The One"). Malgré quelques baisses de régime dans les 90's, Michael Sweet, le principal auteur, a toujours su maintenir un bon niveau de composition. Il est ici au top et les deux frères Sweet assurent parfaitement chacun à leur poste. Cela devrait faire taire les mauvaises langues qui disaient parfois que l'un ne pouvait reproduire les notes aiguës de ses 20 ans (écoutez-donc le final de "Marching Into Battle" ou "Saved By Love") et que l'autre n'avait plus la même dextérité pour cogner ses fûts. Désormais, honni soit qui mal y pense !

Elvira Santa

Stryper, No More Hell To Pay (Frontiers Records-Harmonia Mundi)
Sortie le 1 novembre 2013

www.stryper.com/

Stryper, No More Hell To Pray, official video